Valode-P: Les maitres de la cite interdite

La civilisation chinoise n'a d'égale en grandeur et en ancienneté que l'Égypte des pharaons. Née voici 7000 ans, elle a dû pour s'épanouir dompter deux fleuves démesurés et raccorder par un canal les pièces nord et sud d'un immense territoire. Peu de cultures peuvent s'enorgueillir d'avoir donné des guides spirituels de la dimension Lao Tseu ou Confucius, dont la pensée rayonne depuis deux millénaires. Sans oublier le bouddhisme, qui connaît en Chine, depuis le Ier siècle, un printemps ininterrompu. Pour certains, la Chine impériale se résume à la Grande Muraille et à l'armée ensevelie de son premier empereur, qui vécut trois siècles avant notre ère. Au premier rang des grandes civilisations, la Chine se divisera encore souvent, maiselle saura toujours retrouver son unité, sous l'impulsion des Tang, des Song ou de l'empereur Taizong, artisan de son développement. Après la bénéfique parenthèse mongole des XIIIe et XIVe siècles, la restauration des Ming consacre la suprématie de « l'Empire du Milieu », que la dynastie des Qing conduira jusqu'à son agonie, au début du XXe siècle. Il n'est pas dit que l'éphémère république de Sun Yat-Sen, suivie de l'occupation japonaise et du règne ubuesque de Mao, aient érigé la Chine en modèle des nations ; mais ils ont jeté les bases d'un empire économique non moins brillant que l'ancien. Sous la direction de Deng Xiaoping, puis de ses successeurs jusqu'à Hu Jintao, la Chine communiste s'est ouverte à l'Occident et à l'économie de marché, sans renoncer à ses traditions millénaires. Et c'est pourquoi la Cité interdite, séjour depuis six siècles des maîtres de la Chine, incarne la permanence d'un pouvoir immémorial.