Haentjens/Monteaux: Journal reve d'un president amoureux

Que peut-il se passer dans la tête d'un dirigeant politique qui, parvenu au sommet, réalise bientôt que « sans elles, il ne serait jamais devenu président » ; que ses vies publiques et privées sont en train de fusionner, malgré lui, dans une sorte de vaudeville permanent ; et qu'il pourrait, finalement, en tirer parti ? Tel est le thème de ce Journal rêvé d'un président amoureux. Le président en débute l'écriture à la suite d'un tsunami médiatique qui le condamne, pendant quelques mois, à une quasi solitude. Très vite, il se prend au jeu. Le personnage énigmatique, retranché derrière ses petites blagues, éprouve bientôt un plaisir jubilatoire à se raconter, et à balancer sur ses adversaires politiques et ses compagnes. Il comprend que ce journal le libère de trop de non dits et l'aide à devenir le chef qu'il peinait à incarner. Amateurs de traits vifs et de formules à la Audiard, il sait aussi mettre en scène la comédie du pouvoir avec l'acuité d'un cinéaste. Quand il nous décrit une conversation avec un visiteur du soir, une réception chez le roi du Maroc, une soirée culturelle avec Fabrice Luchini, un dîner avec le président des États-Unis, une visite ratée chez Lucette ou le limogeage d'un conseiller amateur de chaussures de luxe, on y est. Et à la première place : la sienne. On le voit aussi douter, s'interroger sur la trace qu'il laissera dans l'histoire et sur la question des rapports entre les hommes et les femmes, une question qui semble le toucher très directement. Ce journal, écrit au fil des évènements, des amours et des humeurs, se déguste comme un cognac hors d'âge. Il y flotte un parfum de nostalgie qui n'est pas sans évoquer les mémoires de Casanova. Derrière la comédie légère affleure la tragédie d'une caste politique qui se sait de moins en moins légitime.