Tristan Frederick: Monsieur l'enfant et le cercle des bavards

Lord Alexis Borneybull Clarck, duc de Masmuttan et homme d'affaires peu scrupuleux, préside le club des Hétérosophes. Cette société savante et élitiste compte peu de membres. Mais chacun se distingue par l'une ou l'autre caractéristique bien précise et l'ensemble est très hétéroclite. Le chasseur de renard roux d'Irlande côtoie ainsi l'ex-maharadjah originaire du coeur de l'Inde. Dans une tenue d'apparat, gants blancs et queue de pie, convaincus de l'éminente importance de leurs propos, ils se réunissent régulièrement pour réfléchir en commun au sens du langage. Mais, grande ouverte aux rêves, aux affabulations, aux impostures, leur conversation débridée n'a ni cadre précis ni fil conducteur. Dans l'ombre, l'unique spectateur de ces étranges assemblées ne dit pas un mot. C'est Monsieur l'Enfant. Ils parlent, parlent, parlent, mais c'est son silence qu'on entend. Frère cadet de Lord Alexis, brimé par sa mère qui ne l'aime pas, il se souvient des livres qu'il a lus en cachette. C'est dans la poésie qu'il cherche sa voie, et même son identité, lui qui n'est pour les Hétérosophes qu'un muet un peu demeuré. Son innocence n'a-t-elle pourtant pas plus d'épaisseur que leur prétention ? Sa quête, plus de réalité que leurs certitudes ? Fable, satire, ce roman, sous des apparences légères, dupe son monde et fait peut-être le procès de certains intellectuels.