Dorr. Cornelia: Patagonie sauvage

Que retenir de la Patagonie oe Ses champs de graviers lunaires ? Ses glaciers géants qui lâchent d'énormes séracs comme des coups de feu de parade ? Ses paisibles troupeaux de guanacos que Jules Verne, déjà, faisait chasser aux Enfants du Capitaine Grant ? La steppe sinistre des matas negras, ces sombres buissons qui rampent sur le sol jusqu'à l'horizon, si denses que l'on n'a d'autre choix que de marcher dessus ? Le chant des baleines franches venues mettre bas au ras des falaises de la côte Atlantique ? Les immenses troupeaux de moutons, menés par les gauchos, ces rudes cavaliers solitaires dont les chevaux trottent pendant des jours pour traverser un pays dont le seul habitant est le vent ? Les visages burinés des derniers Indiensoe Les forêts pétrifiées oe Tout cela et bien autre chose. Un certain mystère, nourri par la vision d'espaces qui semblent sans fin, de chocs climatiques, de lumières d'une beauté à couper le souffle, du ronflement du vent qui semble ne jamais devoir trouver le repos, de légendes enfin. C'est que la Patagonie n'est pas un pays. Pas davantage une province. Partagée entre l'Argentine et le Chili, les deux nations les plus au sud de l'Amérique du Sud, la Patagonie reste l'une des régions la plus sauvage de la planète. Son splendide isolement est avant tout le résultat d'un climat dont le vent est le maître. Grande comme la France et l'Espagne réunies et ne comptant qu'un million et demi d'habitants répartis dans les villes pour l'essentiel, la Patagonie est délimitée au nord par les Rio Negro et Bio Bio, au sud par le détroit de Magellan, ses frontières est et ouest sont les océans Atlantique et Pacifique.